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   Par Matt Wells à Séville

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Entretien à Séville, Espagne, avec M. Li Junhua, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales

Les pays participants à une conférence phare de l'ONU se sont engagés à résoudre la crise de la dette dans le Sud global et à renforcer le développement durable. Toutefois, le véritable test sera de savoir si ces engagements se traduiront en actions concrètes.

Les promesses ont été faites lors de l'ouverture de la Conférence sur le financement du développement (FFD4), actuellement en cours dans la ville espagnole de Séville, lorsque les délégués ont approuvé l'Engagement de Séville.

Au cours de la conférence, ONU Info s’est entretenue avec Li Junhua, Secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires économiques et sociales et Secrétaire général du sommet international.

Li Junhua : L’adoption de l’Accord de Séville a été un moment exceptionnel dans un événement qui a réuni environ 60 chefs d’État et de gouvernement, et vu l’annonce de 130 initiatives majeures dans le cadre de la Plateforme d’action de Séville, visant à mettre en œuvre le document final et à dynamiser le financement du développement durable.

Un nombre record de dirigeants d’entreprise issus de divers secteurs ont activement participé à l’ensemble du processus et ont contribué positivement aux résultats de la conférence. Ils se sont tous engagés à soutenir la mise en œuvre de la nouvelle feuille de route.

ONU Info : Quels avantages pensez-vous que les communautés vulnérables des pays en développement peuvent attendre directement des décisions prises ici à Séville ?

Li Junhua, UN Under-Secretary-General for Economic and Social Affairs.ONU Info/Matt Wells

Li Junhua, Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires économiques et sociales.

Li Junhua : L’Engagement de Séville reconnaît fermement que l’éradication de la pauvreté est indispensable pour atteindre le développement durable. C’est le point le plus essentiel pour tous les pays en développement. Il propose un ensemble de mesures pour une poussée d’investissements à grande échelle en faveur des Objectifs de développement durable (ODD) à long terme. Cela inclut le renforcement des investissements dans des domaines essentiels comme les systèmes de protection sociale, les systèmes agroalimentaires et les systèmes de santé inclusifs, abordables et de qualité. De plus, il vise à renforcer la réponse mondiale aux crises qui touchent le plus les communautés vulnérables. Par exemple, il appelle à la mise en œuvre des décisions relatives au financement climatique adoptées lors de la Conférence climat de l’ONU à Bakou, ainsi qu’au fonds de réponse aux pertes et dommages.

Pour moi, des étapes importantes et des engagements ont été pris pour aider les pays en situation particulière à combler l’important déficit d’infrastructures dans des secteurs critiques. Les populations les plus vulnérables peuvent bénéficier de manière significative en accédant à des services essentiels et à des opportunités d’emploi générées, par exemple, par le développement des infrastructures dans l’énergie, le transport, les TIC (technologies de l'information et de la communication), l’eau et l’assainissement.

Enfin, il y a une forte volonté d’élargir l’accès aux produits et services financiers dans toute la société, en particulier pour les femmes, les jeunes, les personnes handicapées, les personnes déplacées, les migrants et autres personnes en situation de vulnérabilité. Ce sont des résultats très concrets pour les communautés vulnérables.

ONU Info : En quoi cette conférence constitue-t-elle un véritable test du multilatéralisme, à un moment où celui-ci est plus que jamais mis à l’épreuve, et face à une conjoncture économique mondiale très incertaine ?

Li Junhua : Cette conférence est un test crucial de notre capacité à résoudre ensemble les problèmes.

Nous savons que, fondamentalement, la crise du développement durable est une crise de financement. Nous devons relever ces défis pour remettre les ODD sur les rails, mais cela est loin d’être simple. Les engagements en matière de financement du développement ont un impact direct sur les budgets nationaux, et la réforme de l’architecture financière internationale entraînera inévitablement un changement dans les dynamiques de pouvoir entre États.

Le fait que les États membres aient adopté l’Accord de Séville par consensus envoie un signal fort : le multilatéralisme peut encore fonctionner. Bien sûr, le véritable défi consiste maintenant à traduire ces engagements en actions. Donc, je dirais que, en fin de compte, le succès dépend des efforts collectifs de tous les États membres et de toutes les parties prenantes.